NIGHT STROLL 
Kaï-Chun Chang, Zhi Ding, Nicolas Gaume,
Travis MacDonald, Ellen Siebers, Flora Temnouche

Puis la nuit fait un pas encore.

Tout à l’heure, tout écoutait ;

Maintenant nul bruit n’ose éclore ;

tout s’enfuit, se cache et se tait

​

Extrait de “La nuit”, Victor Hugo, Toute la Lyre, 1888 et 1893

​

Les galeries Elsa Meunier et Mathilde Le Coz sont heureuses de présenter « Night Stroll » une exposition collective réunissant trois artistes basés à Paris (Kaï-Chun Chang, Nicolas Gaume et Flora Temnouche) et trois artistes issus de la scène internationale (Zhi Ding et Ellen Siebers travaillent aux États-Unis, Travis MacDonald en Australie).

​

« Night Stroll » propose une déambulation nocturne, une balade noctambule à travers des peintures qui évoquent la diversité poétique de la nuit : lieu de rêverie, de solitude, d’égarement, de magie, d’intimité, de création... Les six artistes nous proposent une vision onirique et dynamique de ce moment qui laisse le temps en suspens, de ce lieu étoffé de mystère, à soi, pour soi, qui révèle la lumière.

​

Peintre de la lumière, Kaï-Chun Chang fait résonner le silence de son astre lumineux qui s’abolit dans un néant mat et aspirant. L’étouffante noirceur est traversée d’une lueur ténue mais sûre. Le paysage lunaire de Arc 7 (2023) impose une contemplation absorbée de l’immense étendue obscure - le tableau nous emporte dans une rêverie cosmogonique muette et élevée. Chez Nicolas Gaume, un phénomène similaire se produit. La lune, enveloppée de nuages remuants, révèle une interminable plaine désolée. L’astre si petit sur la toile, fait vibrer l’immensité d’un camaïeu de marrons et gris-bleus. Le spectateur avance seul dans la vaste étendue ondulante, sa lanterne accrochée au ciel.

​

Travis MacDonald nous promène avec ses personnages dans une nuit urbaine colorée, éclairée des feux artificiels de la ville. Le ronronnement de la mégapole assoupie mais bien vivante n’est pas loin : la nuit, alternative et interlope, est habitée, vécue, partagée. Avec sa figure que l’on retrouve d’une toile à l’autre Zhi Ding, elle aussi, nous raconte une nuit. Un personnage à la silhouette effacée émerge d’une obscurité poudreuse. La nuit, sans témoin ni repère, épaissit l’action et dramatise la scène. Pour la peintre Flora Temnouche la nuit est un voyage, un horizon que l’on quitte pour l’espoir d’un lendemain. Dans Lightness of being (2024), la lune, lointaine complice, éclipse un départ solitaire et frileux.

​

C’est dans les tréfonds de la nuit que se crée le jour. Elle abrite ce moment introspectif de réflexion sur soi. Ellen Siebers propose une référence inversée au tableau de Velàzquez conservé à la National Gallery de Londres, ici l’attention est portée sur le reflet plus que sur le modèle. La pénombre enveloppe la scène pour ne laisser apparaître que le reflet de Venus dans le miroir : une manière de mettre en lumière un regard intérieur, une vision sur soi mais aussi de nous donner accès, de nous faire les témoins de ce moment réflexif intime, peut-être métaphoriquement celui de la création.